Retroludix est convaincu du fait que les innovations technologiques régulières dans le domaine du jeu vidéo ne rendent pas obsolètes les jeux issus des technologies surpassées. Ainsi, les partisans du « retrogaming » s’appliquent à mettre en valeur les nombreuses qualités ludiques dont sont pourvues les productions vidéoludiques des origines. Cette démarche vise donc la reconnaissance des qualités intrinsèques du produit, mais participe également à une étude chronologique des avancée ludiques du média. En effet, le jeu vidéo est un média jeune et qui se développe parallèlement sur deux plans: l’évolution technologique, purement matérielle et technique, et donc facilement quantifiable, et l’évolution ludique, c’est-à-dire la manière dont les créateurs de jeu ont appréhendé ce nouveau média et ont développé des idées qui donneront au jeu vidéo son identité propre. Donc, bien que les deux plans soient interdépendants, ils sont moins étroitement liés qu’on ne le pourrait croire. Les jeux les plus récents et les plus technologiquement aboutis sont, dans leurs mécanismes de jeu, des héritiers des jeux pionniers des débuts.

On voit donc surgir un double phénomène : d’un coté la ruée vers les jeux des années 80 ou 90, et d’un autre un nombre croissant de nouvelles productions faisant intentionnellement fi des avancées technologique pour proposer un rendu graphique et une expérience de jeu proche de ce qui se faisait à l’époque.

On peut faire, sans entrer dans la comparaison directe, un parallèle avec le cinéma. Bien que les films aient subis de nombreuses évolution technologiques (arrivée du son, de la couleur, du numérique et maintenant de la 3D), on considère toujours comme de grand classiques certains films qui furent des chefs-d’oeuvre en leur temps. Il serait absurde de critiquer aujourd’hui « le voyage sur la Lune » de Melies sous prétexte que ses effets spéciaux sont dépassés. Au contraire, le film en question est aujourd’hui ressorti sur nos écrans dans une version restaurée, comme pour mieux affirmer son statut d’oeuvre pionnière. De même, le succès public et critique d’œuvres telle que « The Artist » de Michel Azanavicius prouve que le cinéma n’a pas oublié ses origines. Nous aimerions qu’il en soit de même, toutes proportions gardées, pour le jeu vidéo.

 

Malheureusement, le « retrogaming » n’est pas à la portée de tous, puisque pour pouvoir expérimenter ces jeux anciens dans des conditions idéales, il faut pouvoir se procurer les jeux en questions, mais aussi la machine de jeu (console ou ordinateur) adéquate. Or, celles-ci ne sont plus commercialisées depuis bien des années, et le seul moyen d’en acquérir reste le marché de la seconde main.

Prenons par exemple le « Video Computer System » d’Atari qui fut un des premiers grands succès commercial en matière de jeu vidéo à domicile. Il s’agit d’une machine qui a déjà plus de trente ans ! Il est donc assez difficile de s’en procurer une, puisque la demande va grandissante, alors que l’offre, forcément, reste très réduite. On se retrouve dans une situation où certains jeux anciens s’échangent désormais à prix d’or.

Et ce qui est vrai pour les machines de jeu à domicile l’est encore plus pour les machines dites « d’arcade » destinées à l’époque aux salles de jeu.

Tout l’intérêt d’une structure publique de conservation et promotion de l’histoire du jeu vidéo serait donc de rassembler une collection importante de jeux afin de permettre au public de s’y essayer dans les conditions de l’époque. Tout un chacun pourrait ainsi comprendre le passionnant développement d’un média qui est aujourd’hui devenu plus populaire qu’aucun autre